« Cube escape collection » (jeu vidéo)

J’ai découvert le concept « escape game » grâce à des amis qui nous avaient fait découvrir l’expérience « en live » : des pièces fermées agrémentées d’une mise en scène et d’une ambiance, souvent avec une thématique, et dont il faut s’extraire en fouillant (ce qui est chiant) et en résolvant des énigmes (ce qui est génial).

Pas longtemps plus tard, en 2015, je me suis rendu compte que ce concept, dont j’étais encore loin de me douter qu’il aurait un impact décisif sur ma carrière d’auteur, provenait en fait du jeu vidéo. En réalité je le savais sans le savoir, car j’avais déjà joué à des « escape the room » en flash des années auparavant, sans vraiment fixer ce sous-genre. Mais ce que j’ai découvert en 2015 allait bien au-delà, puisqu’il s’agissait, certes encore une fois de jeux en flash, jouables sur navigateur, mais avec une toute autre ambition graphique et narrative. Rusty Lake venait de poser sur moi sa patte de corbeau, et depuis je n’ai jamais retrouvé d’escape games, tous supports confondus, qui soient aussi beaux, profonds et jouissifs que ceux de ces néerlandais tarés.

Eh bien sachez que, prenant acte de l’obsolescence du format flash, nos bons amis d’Amsterdam ont regroupé leurs 9 jeux emblématiques sous l’appellation Cube escape : collection, disponible sur Steam pour 4 malheureux brouzoufs. Je vous laisse une minute ou deux pour les acheter immédiatement, après vous pouvez revenir.

Vous trouverez là un système de jeu standard – pièce cubique, trucs à ramasser et assembler, puzzles – qui se déclinera dans diverses ambiances, néanmoins toujours sombres, pesantes et surréalistes, et divers styles : Seasons exploite le voyage temporel, Arles s’inspire du style de Van Gogh, Theatre dépeint une succession de scènes, Case 23 (mon préféré) prend la forme d’une enquête…

Mais à chaque nouveau « cube escape », vous allez retrouver des motifs et personnages récurrents que vous prendrez plaisir à identifier et reconnaître, et qui dessineront la « patte Rusty Lake », avant tout graphique – avec une DA d’une classe morbide – mais aussi symbolique, puisque les lourds secrets familiaux, les animaux anthropomorphes et les assassinats honteux, reviendront comme une ritournelle qui ne sera pas sans vous rappeler le Twin Peaks de Lynch.

Préparez-vous à trouver désormais tous les autres escape débiles et sans âme, et une fois savourés ces 9 chefs d’oeuvre, séchez vos larmes en apprenant que d’autres pépites du même studio (Hotel, Roots, Paradise, The White Door dont j’ai déjà parlé ici), sont également disponibles à des tarifs dérisoires. Pour cette collection, comptez une heure par « cube » puisque vous êtes des nullos, perso j’ai bouclé l’ensemble en moins de 6h (parce que je les ai déjà fait trois fois chacun).