Petits jeux de l’été (« The Planet Crafter » ; « Golf Club Wasteland » ; « Insurmountable »)

The Planet Crafter : Jeu vidéo de MIJU GAMES (France) autoédité en 2022 de type Exploration-Survie/Planet opera

C’est ma base ; sympa, hein ? c’est Français

Comment vous expliquer le pied que j’ai pris en 2019 quand j’ai joué à Subnautica ? C’est bien simple, s’il n’y avait pas eu RimWorld (encore un jeu de survie/construction, est-ce un hasard ?) ç’eut été mon jeu vidéo de la décennie. Cette boucle divine : exploration, élaboration d’une base, amélioration de l’équipement, ce qui permet d’aller explorer plus loin, en découvrir un peu plus sur l’univers et son background, ramener des ressources plus rares, pour fabriquer des trucs plus compliqués, et ainsi pousser encore davantage l’aventure… c’est indescriptible, c’est mon bonbon vidéoludique. Comment apprécier un jeu qui reprendrait la même boucle, mais moins abouti techniquement, moins vaste, avec une histoire moins riche ?

Eh bien il faut un petit « twist » d’originalité. Chez Satisfactory par exemple, c’était l’automatisation : la dimension « usine » du titre équilibrait, voire dépassait la partie exploration/survie, ce qui le tirait intelligemment vers les jeux de gestion (et boum, 120 heures de jeu). Chez Planet Crafter qui nous occupe maintenant, c’est la terraformation. Largué sur une planète aride d’inspiration martienne, vous allez semer des appareils qui créent de l’oxygène, de la chaleur, de la pression atmosphérique, et peu à peu la planète va se transformer sous vos yeux. Je vous assure que vous ressentirez une sorte de joie irréelle en constatant que des flaques commencent à se former, que le niveau de l’eau monte et que vous devez vite déménager votre base qui risque de se retrouver sous la flotte quand un véritable lac se sera déposé entre les montagnes. Idem à votre premier brin d’herbe, votre premier arbre.

Comptez une quinzaine d’heures pour parvenir à ça, ensuite c’est beaucoup trop long et j’ai arrêté. Le jeu est excellent et il reproduit la boucle à merveille, en l’assaisonnant juste ce qu’il faut, mais il est encore mal équilibré sur le end game et ses limitations techniques le rendent un peu moins « saisissant » que ses prédécesseurs – du reste il est encore en accès anticipé et peut donc s’améliorer. Ceci dit vraiment foncez, si vous aimez ce type de gameplay vous allez y passer de merveilleux moments.

Ma note : 8/10


Golf Club Wasteland : Jeu vidéo de DEMAGOG (Serbie) édité par Untold Tales en 2021 de type Sport-Narratif/Post-apo

C’est un jeu de golf presque organisé comme un plateformer : dans une vue de côté, on tape avec un club dans une balle orange pour parvenir au drapeau qui symbolise la fin du niveau, et ce une trentaine de fois. Basique comme jeu de golf : vous maintenez le clic de souris pour obtenir une trajectoire et une puissance, puis vous lâchez. Les niveaux sont de plus en plus retors, dans le sens où il faudra monter, descendre, éviter des flaques d’eau ou d’acide, jouer avec le décor… rien de bloquant ni de bien passionnant.

On comprend en fait que le plaisir est supposé reposer, pour l’essentiel, sur la direction artistique, en effet assez inspirée, et l’aspect narratif, c’est-à-dire l’émission de radio qu’on écoute tout au long des 2-3 heures de jeu. Donc là il faut expliquer : la Terre a été désertée depuis belle lurette et l’humanité s’est réfugiée sur Mars, et vous incarnez un type redescendu sur notre bonne vieille planète toute cassée pour y pratiquer un sport de bourgeois. Pas inintéressante, l’utilisation de cette station de radio. Mais enfin il faut quand même pas délirer : en terme ludique, il n’y a rien de remarquable dans cette balade très courte et très basique, et le propos politique est en gros celui de Wall-E en moins développé. Après si vous le trouvez soldé à une poignée d’euros, pourquoi pas.

Ma note : 6/10


Insurmountable : Jeu vidéo de BYTEROCKER’S GAMES (Allemagne) autoédité en 2021 de type Aventure-Survie/Science-fiction

L’originalité, c’est bien. Je me mets à la place des gens qui ont conçu Insurmountable : mettre sur la table un projet de jeu de survie sur des cases hexagonales dans le registre de l’alpinisme, ça doit faire son petit effet. Plaquer par-dessus un petit scénario de SF (ultra-banal) pour justifier la boucle des missions, il fallait oser aussi.

Mais finalement il n’y a pas grand chose de si novateur dans ce jeu. On prépare son équipement (gants, chaussures, tente, rations de nourriture…), on débloque des capacités pour mieux grimper, mieux marcher ou mieux résister au froid, c’est à dire en définitive diminuer l’attrition de cinq jauges (température, énergie, mental, oxygène, santé) et ainsi parvenir à l’objectif final : atteindre une case, la plupart du temps un sommet.

Le problème avec ce genre de gameplay archi rebattu, c’est qu’on a intérêt à susciter l’immersion par la surprise ; l’environnement, l’histoire, les déblocages de nouveaux éléments, pouvaient amener cette surprise. Ici c’était trop peu pour moi. La montagne ça me plaît bien, mais l’alpinisme bof. Tout ce qui aurait pu être ajouté en terme d’ambiance, lovecraftienne par exemple (puisqu’on est sur un scénario SF autant y aller à fond), ne l’a pas été. Aussi les cases spéciales que l’on croise resteront sempiternellement des crevasses à explorer, de l’équipement abandonné, de temps à autre une chèvre. Au bout de 10 minutes on cesse de lire les textes descriptifs de ces micro-événements, et on ne surveille plus que les jauges.

Autour de nous, les décors sont mornes et répétitifs. Le jeu m’a beaucoup fait penser à Curious Expedition, et il suffit de les comparer pour voir tout ce qui manque à Insurmountable : de la variété, du contenu, du background, toutes ces choses qui peuvent procurer de la joie. Et une vue de dessus en 2D, c’est bien mieux qu’une caméra surplombante atroce qui ne permet jamais de se faire une bonne idée du monde en 3D dans lequel on évolue, ce qui rendra les distances et les altitudes difficiles à évaluer. Non vraiment, je ne comprends pas ce qui a pu valoir à ce jeu des critiques aussi élogieuses un peu partout.

Ma note : 5/10

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