« Arcane » (série télé)

Le Massacre, toujours incapable de faire preuve d’originalité, aligne les poncifs dans son programme de séries télé. Après Sex Education et Squid Game, et sans doute juste avant The Witcher, j’ai donc vu comme tout le monde Arcane, une courte première saison (9 épisodes) tirée de l’univers de League of Legends, un des jeux vidéo les plus populaires au monde (dont je ne sais presque rien et dont l’ignorance n’a aucun impact sur la compréhension de la série).

Comme presque toujours face à ce genre de succès fulgurants, qui semblent déborder de leur public-cible supposé, mon sentiment est que c’était très bien (sinon ça n’aurait pas autant de succès) mais pas non plus révolutionnaire (sinon ça n’aurait pas autant de succès). En fait la direction artistique déchire, du moins pour qui dispose d’une amorce d’habitude de ce style très courant dans le jeu vidéo, beaucoup moins dans la série animée classique. Si vous voulez, l’aspect visuel d’Arcane est une sorte d’aboutissement à la sauce steampunk de principes graphiques déjà à l’oeuvre dans Disco Elysium par exemple : une fusion de décors brumeux, sombres et translucides bourrés de détails, de personnages plus iconiques aux traits marqués et aux couleurs tranchées, et surtout d’effets de lumière fluo permanents très réussis. L’ensemble pourrait être chargé jusqu’à l’indigestion mais le dosage demeure excellent, notamment grâce à l’usage intelligent de ralentis et bullet-time pendant les scènes d’action, qui restent du coup d’une lisibilité exemplaire. Du reste la mise en scène et la fluidité de l’animation permettent de sans cesse conserver cette lisibilité tout en ménageant de la surprise, avec des effets mis en valeur par le cadre et l’échelle de plans, toujours dans l’idée d’une dynamisation des scènes sans les rendre brouillonnes.

Après bon, autant les personnages sont plutôt bien dessinés et un peu approfondis, autant le scénario n’a rien de spectaculaire. C’est l’histoire d’une révolte de « ceux d’en bas » contre « ceux d’en haut » dans une ville uto-dystopique, et de la récupération des premiers par la démagogie violente du narco-trafiquant local (qui prend les traits d’Eric Zemmour (mais je vous jure que c’est vrai, le personnage de Silco on dirait vraiment Eric Zemmour (et d’ailleurs c’est un studio français qui a réalisé la série si ça se trouve c’est même pas un hasard (je vais refermer toutes les parenthèses maintenant)))). Plein de thèmes sont brassés, mais c’est tellement classique que j’ai la flemme de les énoncer, et puis surtout les réponses qui y sont données sont archi-rebattues. Allez je vous en mets quelques-uns : la science, danger ou progrès ? (en fait ce sera des fois un progrès et puis si on fait pas attention un danger, hihihi) Est-ce qu’il faudrait pas préparer la guerre pour avoir la paix ? (franchement les gauchistes c’est quand même des idéalistes à un moment faut bien tarter les gens pour qu’ils comprennent, huhuhu) Pourquoi le pouvoir corrompt ? (j’avoue, au bout d’un moment ils pensent plus qu’à leur gueule, hohoho) ! Etc. etc.

Bref, c’est une série qui marquera une date sur le plan de l’animation et de l’esthétique, par contre au niveau du fond ça ne dit rien de bien fou.