« Downtown Abbey » (série télé)

Bon je vais pas tartiner plus que ça sur Downtown Abbey. C’est loin d’être une mauvaise série, simplement pour moi sa promesse principale n’est pas tenue. Sa promesse, c’est de mettre en scène la confrontation entre une famille aristocrate anglaise des années 1910-20 et sa domesticité (majordome, valets, femmes de chambre, cuisinières…). En réalité, malgré des incursions fréquentes dans les problématiques populaires de l’époque, et même si l’on assiste finalement, sur 6 saisons, au lent déclin de la famille Crawley, la balance du parti-pris penche nettement en faveur des nobles.

Sous couvert de traiter égalitairement les personnages d’aristo et de roturiers, le scénario nous ramène constamment aux premiers et à leurs petits malheurs. Infoutus de s’habiller tout seuls ou de se faire cuire une omelette, ils conserveront tout du long l’aura de mystère inatteignable qui caractériste leur condition, et les domestiques les considèreront comme des supérieurs transcendentaux, y compris lorsqu’un « des leurs », pourtant chauffeur doublé d’un socialiste irlandais, passera chez l’ennemi le plus naturellement du monde et finira par adopter leurs valeurs. Et même lorsque l’histoire les aura rattrappés et que, presque ruinés, ils ne maintiendront leur sacro-saint train de vie qu’en devenant des capitalistes finalement très classiques, ce ne sera qu’avec une moue de dégoût et du bout des lèvres, ils appelleront cela « modernité » et basculeront dedans avec une sorte de jubilation transgressive.

Le drame de cette série, c’est qu’elle demeure plaisante grâce à ses excellents acteurs, sa reconstitution bluffante et ses personnages attachants aux dialogues bien écrits. Scénario et mise en scène resteront paresseux (on devine parfois un arc narratif entier avec un simple plan sur la réaction d’un personnage), et frôleront même le soap, mais le plus frustrant c’est qu’il y avait tellement mieux à faire, et plus audacieux, avec un matériau de cette sorte.