« Un dernier ballon pour la route » de Benjamin Dierstein (roman)

Comme j’ai des fréquentations très classe, je tiens à vous apprendre que ce roman m’a été conseillé par Caryl Férey en personne. Eh oui que voulez-vous, je fréquente la jet-set de la culture populaire française, ma pile à lire est guidée par la upperclass du conseil de lecture. J’ajoute que je me suis régalé grâce à mon grand ami Caryl, à qui je compte proposer d’être le parrain de mon prochain enfant (c’est faux, je n’aurai plus jamais d’enfant).

Un dernier ballon pour la route est à la fois un road-trip éthylique qui m’a fortement rappelé le Rouge gueule de bois de Léo Henry, une intrigue d’enquête secouée par des passages d’action intenses au niveau de violence absurde, et une comédie « buddy movie » dont les deux protagonistes, Freddie et Didier, sont des Astérix et Obélix contemporains – bien que leur relation m’ait encore davantage fait penser à celle de George et Lennie dans Des souris et des hommes de Steinbeck.

Mais surtout ce roman m’a fait rire d’un bout à l’autre, autant qu’il m’a émerveillé par la vivacité de la plume de Benjamin Dierstein. L’écriture pétarade de métaphores bien senties, il y a du rythme et du style, c’est alerte et ça démontre s’il en était besoin qu’on peut afficher une excellente maîtrise technique du récit, une esthétique travaillée ET incorporer tout ça dans une intrigue foisonnante, où l’on s’amuse et s’étonne sans cesse, pour mieux pleurer parfois. En d’autres termes, et là je m’adresse à ceux qui ne parviennent pas à voir de la littérature autre part que dans du drame social, on peut tout à fait proposer un thriller haletant et comique bourré de nonsense sans pour autant sacrifier la qualité littéraire.

Non content de moucher ainsi les 90 % de la scène romanesque française composés de récits de vie chiants adoubés par Télérama, Un dernier ballon pour la route raconte quelque chose en le faisant intelligemment : dessinée en arrière-plan de ses protagonistes truculents, une France des bleds paumés, des marges oubliées, des perdants de la mondialisation, apparaît pour qui prend la peine de scruter les détails. Evidemment, les situations sont un peu forcées, la violence à base de drogue/alcool/pétages de gueule est continuellement exagérée, ce qui vient installer cette fiction dans un réalisme borderline, mais on dira que c’est pour mieux évacuer la rage rentrée de cette fraction restée trop longtemps silencieuse, et qui s’exprime sur certains ronds-points depuis quelques années.

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