« Oxygène » de Alexandre Aja (film)

La parution sur Netflix de ce huis-clos claustro d’Alexandre Aja semble presque symbolique en regard de notre année Covid avec son lot de confinements et d’expériences de la solitude. Je ne sais pas si c’était fait exprès, mais ça tombe bien.

Difficile de ne pas penser à Gravity en regardant Oxygène, non seulement parce qu’ils annoncent chacun dans leur titre leur mécanique narrative principale, mais encore parce qu’ils sont tous deux des survival, mettant en scène une protagoniste féminine et quasiment unique à l’écran. Ceci dit Gravity c’est quand même vachement mieux.

Après je ne jette pas la pierre au film d’Aja : il s’efforce de maintenir une tension constante sur 1h40 en confinant presque tout le temps sa caméra dans les 3 mètres cube de la cabine dans laquelle Mélanie Laurent est enfermée. Bien sûr il « triche » par rapport à Gravity, parce qu’une petite portion du film s’échappe du huis-clos sous la forme de flashbacks. En effet, l’héroïne retrouve peu à peu la mémoire et déchiffre progressivement l’énigme de sa présence incongrue dans cette boîte technologique, avec « l’aide » de son seul interlocuteur, l’IA jouée par Matthieu Amalric.

Elle me pose un peu problème cette IA d’ailleurs, j’ai eu du mal à lui trouver une cohérence tout au long du film : tantôt il répond au quart de tour, tantôt il répond pas, ou fait patienter… il n’a pas une logique d’ordinateur de bord en fait, il ne cherche pas spécialement à aider sa passagère – et on va comprendre pourquoi vers la fin – mais du coup sachant ça, pourquoi lui livre-t-il toutes les infos quand elle en fait la demande et pourquoi lui permet-il d’entrer en contact avec des gens ? Il y a de petits trous d’air dans le scénario.

Du reste, si la mise en scène est maîtrisée, l’esthétique par contre est bof bof. Pour un cinéaste connu pour sa direction artistique, j’ai trouvée correcte l’ambiance dans le caisson, par contre les scènes de flashback sont vraiment insipides, et globalement l’image n’est pas assez fine (en terme de calibrage des couleurs, éclairages, décors, etc.) pour offrir un contraste intéressant aux scènes en huis-clos.

Enfin, il faut bien que je parle de Mélanie Laurent, puisqu’elle apparaît sur 95 % de la pellicule, mais je vais être encore plus intensément subjectif que d’habitude. J’aime pas Mélanie Laurent comme actrice. Dans ce film par exemple, je trouve qu’elle joue bien les émotions (la panique, la renonciation, etc.) mais par contre dès qu’elle ouvre la bouche elle me fait sortir de mon immersion – et ce n’est pas un problème de direction d’acteurs, elle me fait ça dans tous ses films depuis surtout Inglorious Basterds. En fait, je la « vois » jouer, je « vois » qu’elle joue, qu’elle dicte son texte ; elle ne parvient pas à me faire oublier qu’elle est une actrice en train de jouer, et pour moi c’est la qualité centrale que devrait avoir tout acteur : je dois l’oublier, et ne plus voir qu’un personnage.

Du coup, malgré un bon concept et des qualités d’écriture ou de mise en scène, je n’ai pas réussi à m’impliquer dans ce film autant qu’il semblait le réclamer.

Laisser un commentaire