« Desperados III » (jeu vidéo)

Aaaah, le sujet du « même » et du « différent » dans les arts narratifs, je pourrais en écrire des bibles. Essayons de résumer l’idée en une phrase : en tant que récepteurs d’oeuvres artistiques (livres, films, BD, jeux…), vous attendez de votre expérience à la fois de la surprise et des repères pour en tirer un plaisir adéquat. Comme toujours, prenons une métaphore culinaire : imaginons que pour vous faire plaisir je vous prépare votre plat préféré. Vous êtes ravi.e. Mais par la suite, je décide de vous le servir pendant une semaine à tous les repas, matin midi et soir. Ca aura beau être votre plat préféré, vous en ferez une indigestion, et il y a fort à parier qu’en trois jours vous supplierez déjà de pouvoir manger autre chose. Mais imaginons une seconde situation : je veux encore cuisiner pour vous faire plaisir, et cette fois-ci je vous sers une branche de sequoia cuite dans de la graisse de phoque rance. J’ai pris soin de la rendre vaguement comestible, pour autant vous n’avez aucune envie de goûter à ce plat : c’est beaucoup trop éloigné de ce à quoi vous avez l’habitude, voire même de ce qui est digeste pour vous. Dernière expérience de pensée : admettons que vous adorez les pizzas et que je décide de vous en servir une chaque midi ; ça pourra passer, du moment que je prends garde à varier la garniture tous les jours. Comprenez-vous où je veux en venir ? On a besoin de partager un minimum de codes, on doit au moins partiellement parler un langage commun avec le producteur de l’oeuvre qu’on nous sert. Mais passé un certain seuil de redondance, de similarité, de répétitivité, on va percevoir l’oeuvre comme mécanique, attendue, standardisée.

Si j’ai jugé important de vous rappeler tout cela en préambule (j’en ferai sans doute un article un de ces quatre), c’est pour vous prévenir que je ne vais pas m’embêter à rédiger une chronique complète de Desperados III, parce que c’est exactement Shadow Tactics, produit par le même studio en 2017, dont j’ai déjà magistralement rendu compte en ces pages. J’ai relu le texte, il n’y a rien à ajouter et rien à retirer, et cela décrit avec fidélité Desperados III, à ceci près que ce dernier a un aspect western qui remplace le jidai geki. Comme j’ai adoré Shadow Tactics, vous pourriez tirer la conclusion hâtive que ce fut pareil pour Desperados III, or non car, vous l’avez compris, ça a beau être excellent, c’est bien trop semblable au précédent opus de Mimimi pour que je lui attribue une aussi haute appréciation. Si vous aviez lu le premier paragraphe en extrayant son substantiel raisonnement, vous l’auriez déjà compris, et seriez en ce moment en train de lire la chronique de Shadow Tactics. Pour vous pardonner, je vous offre la splendide infographie ci-dessous. Vous avez le droit d’ajouter un point si vous n’avez jamais fait un jeu Mimimi.

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